samedi 5 juillet 2008

La promise qu'on vole en justes noces

Ingres, Le bain Turc (détail), 1862
source
J'étais préoccupée par un fait scientifique : si j'envoyais ma tasse de café par la poste, le café risquait de s'écouler tôt ou tard. L'idée me vint de l'occulter avec du scotch. Mais collerait-il suffisamment, n'y aurait-il pas fuite entre les bandes, combien de bouts entrecroisés pour étanchéifier la tasse à coups sûrs ? Heureusement, j'avais fort à faire et oubliai vite l'épineux problème : le mariage commençait ! Dans un métro nuptial, la mariée asiatique placée juste derrière moi fixait le sol et on eût dit que rien ne pouvait la sortir de sa rêverie mélancolique. Je me retournai pour lui parler. Je voulais lui préciser ce qu'elle ignorait peut-être : "hey, c'est un chouette jour pour toi, normalement tu souris !". La prise de conscience qu'elle convolait à contrecoeur fut la claque qui me bascula en état de veille.

Rien ne m'étonne dans ce rêve puisqu'hier j'envoyais des pâtes d'amande par la poste tout en rêvant d'un café, avant d'aller chez une copine me morfondre devant un reportage sur les vietnamiennes qu'on marie à de riches étrangers. Oh, elles ne sont pas exilées comme ça, sans préparation : on les acclimate un peu en leur apprenant les recettes de cuisine de leur futur pays. Elégante initiative. De quoi honorer la panse du crétin venu chercher exotisme et soumission parmi les pauvresses. J'imagine que d'aucuns vanteront à la moralisatrice que je suis les innombrables avantages pour ces heureuses épouses : un foyer tout équipé, des marmots scolarisés. Il y a toujours un moment où l'on exhibe les avantages en nature qui justifient qu'on puisse vendre une fille à un inconnu, l'isoler définitivement des siens, l'installer dans une maison d'où elle ne sortira jamais, tout en exigeant des contreparties à ce beau cadeau de la vie qu'on lui fait. C'est vrai quoi, merde, c'est pas si horrible, c'est juste un mariage. D'accord, se fader un mari qui ne parle pas votre langue, rentre bourré et conçoit l'obéissance de sa moitié comme un dû, c'est pas toujours rigolo. Mais bon, les avantages, quoi ! Je dois être égoïste à m'offusquer de ce genre de contrat. Les a-van-tages ! Dans un futur chapitre, je démontrerai que le tourisme sexuel constitue un complément de revenu non négligeable pour toute autochtone pubère ou presque qui se respecte. En vous remerciant. Bonsoir.

Et puis quoi encore.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est abominable. Alors certes, elle aura du fric et des marmots scolarisés. Mais plutot crever que de me faire violer (puisqu'il s'agit presque d'un viol, même si le mariage vient "adoucir" le concept) par un salopard en mal d'exotisme... Alors non, les "avantages" ne tiennent pas.

Sinon, pour le café, moi aussi j'me tape des trips scientifiques comme ça, c'est super frustrant O_o

Le_M_Poireau a dit…

Alors les filles on leur offre l'accès à la modernité, aux bienfaits de la vie urbaine d'ici, avec même une machine à laver (ce qui n'est pas rien !) et elles se plaignent encore !
:-)

Dorham a dit…

Moua hahahaha !

Dis tu as combien de moi, toi ? Tu te fais les questions et les réponses, c'est pratique :)))

Marie-Georges a dit…

pepite : y'a pas forcément viol heureusement mais bon, oui, c'est un peu voisin de ça. le gars qui achète sa femme, ou plus généralement un humain qui achète un autre humain et estime que ce dernier lui doit obéissance et tavail, c'est un concept qui ne lasse pas de me surprendre.
Monsieur Poireau : c'est typiquement un exemple d'ingratitude féminine :))
Dorham : ton rire de vampire me fait peur, j'ai un moi qui se cache, un autre qui tremble et un troisième qui a des sueurs froides ! Cette question me brûle : aurai-je un jour un treizième moi ?